La mode se démode, le style jamais
(Coco Chanel)

dimanche 26 mai 2013

L'écume des jours, l'ode au jazz et à l'amour

Contrairement à ce que j'avais annoncé à la fin de ma dernière critique littéraire, je ne vous parlerai pas d'Autant en emporte le vent, aujourd'hui (le deuxième tome est en cours de lecture et il m'en reste encore un troisième !) mais d'un des chefs-d'oeuvre de Boris Vian, L'écume des jours. Ma critique se terminera avec un petit mot sur l'adaptation cinématographique de Michel Gondry, actuellement en salle, que j'ai pu aller voir.


de Boris Vian
Type : Roman
Longueur :  335 pages (plus quelques pages d'annexes)
Édition : Le livre de poche
Année de parution : 1947 (version rééditée et annotée de 2012)
Pays d'origine : France


Quatrième de couverture :

"Un titre léger et lumineux qui annonce une histoire d'amour drôle ou grinçante, tendre ou grave, fascinante et inoubliable, composée par un écrivain de vingt-six ans. C'est un conte de l'époque du jazz et de la science-fiction, à la fois comique et poignant, heureux et tragique, féerique et déchirant. Dans cette œuvre d'une modernité insolente, livre culte depuis plus de soixante ans, Duke Ellington croise le dessin animé, Sartre devient une marionnette burlesque, la mort prend la forme d'un nénuphar, le cauchemar va jusqu'au bout du désespoir. Seules deux choses demeurent éternelles et triomphantes : le bonheur ineffable de l'amour absolu et la musique des Noirs américains..."


Critique :

En toute franchise, les premiers mots que j'ai dits en débutant ce roman ont été : "Mais qu'est-ce qu'il avait fumé lorsqu'il a écrit ce livre ?" Tailler ses paupières ? Mettre du sel sur le tapis de bain qui a pris l'eau pour qu'il dégorge ? Attirer une anguille avec de la pâte dentifrice ? Sans parler des phrases parfois coupées de façon étrange dans les dialogues. J'étais quand même très perplexe. Mais j'ai décidé de ne pas (trop) me formaliser de ces choses étranges et de me jeter à la mer dans les pages de cet étrange roman.

Et lorsque j'ai été lancée, je n'ai guère pu m'arrêter avant la fin. Ce n'est pas réellement étonnant, puisqu'il est considéré comme "un livre culte" depuis des dizaines d'années. Le rythme (de jazz) est efficace, les personnages attachants et l'univers (bizarre) nous happe en un rien de temps. Les dialogues contrebalancent bien les descriptions et on n'a aucun mal à imaginer ce "pianocktail" et on aimerait bien danser un "biglemoi" sur la musique de Duke Ellington (particulièrement présent tout au long de ce conte).
Si la première partie du livre nous fait particulièrement rêver de légèreté (et c'est agréable en cette période de récession-pluie-hausse du chômage-autre), la deuxième partie (et son fameux nénuphar... Je n'en dirai pas plus pour ceux qui n'ont pas lu le livre ou vu le film) est bien plus sombre et déprimante. Mais tout aussi bien écrite (malheureusement, d'ailleurs, quand il s'agit de nous dépeindre avec brio l'assombrissement de leur vie...).

Du côté du film, même si on note quelques transgressions par rapport à l’œuvre originale (notamment concernant la relation entre Nicolas et Isis...), j'ai été impressionnée par cette adaptation cinématographique. Le réalisateur de la Science des rêves a, selon moi, très bien réussi à réinterpréter cet univers créé par Boris Vian. Je craignais un trop grand ancrage scénique dans "notre" monde, mais il n'en est rien (même si on retrouve quelques clins d’œil, notamment avec les travaux de la place des Halles, à Paris). Le monde créé par Gondry est tout aussi décalé que celui de Vian et les personnages y évoluent sans mal. Un avis d'ailleurs partagé par Isabelle Regnier, pour M (le magazine du Monde).


En conclusion :

Un livre qui a évidemment toutes les raisons d'être culte, autant pour la qualité de l'écriture, que sa capacité à nous faire voyager. Un roman qui se dévore en un rien de temps.


Extrait choisi :
- Nicolas doit pouvoir en faire quelque chose ! assura Colin. Vous avez, poursuivit-il en s'adressant plus particulièrement à Alise, un oncle extraordinairement doué.
- C'est l'orgueil de la famille, dit Alise. Ma mère ne se console pas de n'avoir épousé qu'un agrégé de mathématiques alors que son frère a réussi si brillamment dans la vie.
- Votre père est agrégé de mathématiques ?
- Oui, il est professeur au Collège de France et membre de l'Institut ou quelque chose comme ça... dit Alise, c'est lamentable à trente-huit ans. Il aurait pu faire un effort. Heureusement il y a oncle Nicolas.

Note : 17/20
Rendez-vous sur Hellocoton !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire