La mode se démode, le style jamais
(Coco Chanel)

dimanche 3 juillet 2011

De l'art de manier le cosplay

En ce week-end de Japan Expo, les Parisiens ont dû croiser des personnes semblant sorties tout droit d'un manga (japonais). Intriguée, j'ai essayé de comprendre ce qu'était le cosplay (= pour dire simplement, c'est s'habiller comme dans un manga, comme je l'ai appris récemment) et je vous l'explique (autant que possible).


Pour cela, j'ai discuté avec Julie, 22 ans, et Alain, 24 ans, tous deux fans de mangas.

D'abord, et ils me l'ont tous les deux rappelé, le cosplay est assez rare au Japon et considéré par beaucoup comme "marginal" et les cosplayers sont souvent vus comme "des bêtes de foire". Au Japon, tout est très codifié et il y a donc peu de place pour la fantaisie vestimentaire. "De la maternelle au lycée, les jeunes portent des uniformes", m'a expliqué Alain, qui trouve cela très bien. "Et quand ils travaillent, ils ne peuvent ensuite pas se permettre de fantaisie, parce que c'est très strict", a ajouté Julie.

Et en effet, en se promenant dans la rue au Japon (si j'en crois ce site), on peut reconnaître la position sociale des gens, tant les tenues vestimentaires sont codifiées. Les élèves porteront un uniforme aux couleurs de leur institution et les salariés auront une tenue passe-partout pour se fondre dans la masse (notons que même les sacs à main doivent respecter certains codes : ils sont carrés, noirs et mesurent environ 30 cm !). Cela n'empêche pas les Japonaises d'aimer les marques et de suivre la mode (le nombre de sacs Vuitton est indénombrable !). Le quartier très tendance du Japon est celui de Shibuya. Ils n'y a donc que les jeunes qui peuvent se permettre un peu de fantaisie, entre leur entrée à l'université et leur première recherche d'emploi (qui, là aussi, nécessite une tenue spéciale !).

Mais ce n'est pas pour autant qu'ils vont tous se prendre pour des mangas ! Loin de là, le cosplay et autres modes des rues (que je développerai un peu plus loin) restent très largement minoritaires. D'ailleurs, même s'il est fan de mangas, Alain trouve ces tenues bien trop marginales pour une société qui juge sur l'apparence et sur le comportement. "Le cosplay pour un festival qui lui est dédié ou pour une soirée, pourquoi pas, mais cela reste exceptionnel parce que sinon c'est assez bizarre."

Julie est un peu moins catégorique. Même si elle aime passer inaperçue, elle ne serait pas contre, parfois, mettre un tenue un peu plus inhabituelle. Elle profite d'ailleurs de la Japan Expo pour enfiler ses oreilles de chat. Si elle avait eu le temps, elle aurait craqué pour un déguisement basé sur le personnage de Sakura "mais je ne sais pas si j'aurais suivi le personnage de l'animé ou du manga". Pour la néophyte que je suis, c'est un peu du pareil au même, mais apparemment pas ;-) "Mais il ne faut pas croire que tous les mangas sont kawai, gothic ou lolita, pour la plupart ils ont tout de même des tenues basiques", précise Julie. Et d'ajouter que c'est assez contraignant de s'habiller tous les jours comme ça, et que certaines finissent par ressembler à des marshmallow géants... et ça c'est vraiment pas joli !

Contrairement à ce qu'on pourrait croire maintenant, le cosplay (qui, précisément, consiste en l'habillement et la pratique d'un personnage inspiré de mangas mais aussi d'animés japonais, de jeux vidéo...) est né aux États-Unis ! Il aurait vu le jour en 1939, lors d'une convention américaine de science-fiction et ne serait arrivé au Japon qu'au début des années 1990. Mais ce qui fait vraiment la différence entre le Japon et les pays occidentaux, c'est que chez ces derniers, on tend à en faire des concours, alors que les Japonais restent plus "discrets" dans la pratique.

Dans la vie de tous les jours, les cosplayers vont essentiellement se trouver à proximité du métro Hurajuku, à Tokyo. On peut dénombrer à peu près huit grandes tendances de "modes de la rue", qui dénotent de l'éternel uniforme scolaire, que les jeunes portent jusqu'à la fin du lycée.
  • Les "fruit" : ils s'habilleront avec des tenues relativement excentriques et souvent très riches en couleurs.
  • Les "pink" : comme leur nom l'indique, la dominante sera la couleur rose. Les tenues seront associées de nombreux accessoires en plastique, ce qui leur vaut parfois le nom de "decora".
  • Les "cyber" : c'est un mélange entre les mangas et les decora. On retrouvera les nombreux accessoires en plastique, qui seront ici des tuyaux, des tubes, des câbles ou des faux cheveux. Ils font penser à des personnes venues du futur.
  • Les "sweet lolita" : tout en elles fait penser à un retour en enfance (couleurs pastel, dentelles, jupes, accessoires d'enfants comme des nounours...). Avec leurs petites anglaises, elles ressemblent à de vraies poupées. La grande marque associée à cette tendance est Baby, the stars shine bright, installée à Tokyo et à Paris.
  • Les "gothic lolita" : il s'agit d'une mouvance underground (mais propre) inspirée du métal japonais. Les tenues font penser à la période victorienne, avec la dentelle, les rubans et les couleurs noir, bleu foncé ou blanc. C'est un peu une version noir et blanc de la sweet lolita. De nombreuses marques et beaucoup de stylistes se sont inscrits dans cette tendance. Les "Elegant gothic Aristocrat" seront désignées comme plus "mûres" que les "Elegant gothic Lolita", et porteront alors des jupes un peu plus longues.
  • Les "horror loli" : ce sont des femmes qui useront massivement (abuseront ?) de maquillage pour se faire des plaies et du sang... Beurk !
  • Les "industrial loli" : il s'agit d'une tendance un peu punk, qui privilégiera les vêtements colorés à carreaux.
  • Les "kogal" : c'est plus ou moins ce qu'on peut qualifier de "mode hawaïenne". Les aficionados seront bronzés, se teindront en blond et opteront pour des tenues flashy. Cette tendance est en train de disparaître.

N'étant pas à Paris, je ne saurais pas quelle mouvance a envahi la capitale (ou le reste de la France, bien sûr) pour la Japan Expo, mais je compte sur vous pour me raconter !


Images issues de GettyImages et Japanesestreets.
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