La mode se démode, le style jamais
(Coco Chanel)

vendredi 22 mars 2013

Lolita ou l'étrange biographie d'un pervers pédophile

Je vois déjà vos yeux écarquillés devant mon titre et les interrogations qui vont avec : "Quelle étrange blogueuse ?", "Pourquoi lire ça ?", "Quelle idée !"... Mais rassurez-vous, je ne deviens pas perverse et ne sombre pas dans de la littérature pornographique (non, je n'ai pas lu Fifty Shades of Grey). J'ai juste souhaité me pencher sur l'oeuvre de Vladimir Nabokov, que Le Monde a classé parmi les 100 livres du siècle, lors d'une opération réalisée en 1999.

de Vladimir Nabokov
Type : Roman
Longueur :  532 pages
Édition : Folio
Année de parution : 1955 (traduction révisée en 2001)
Pays d'origine : USA
À destination d'un public averti.


Quatrième de couverture :

"Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins. Mon péché, mon âme. Lo-lii-ta : le bout de la langue fait trois petits pas le long du palais pour taper, à trois, contre les dents. Lo. Lii. Ta.
Le matin, elle était Lo, simplement Lo, avec son mètre quarante-six et son unique chaussette. Elle était Lola en pantalon. Elle était Dolly à l'école. Elle était Dolores sur les pointillés. Mais dans mes bras, elle était toujours Lolita."


Critique :

Ce qu'il faut d'abord noter, c'est que, bien que ce soit un roman, de nombreux détails sont mis en oeuvre pour rendre cette biographie "vraie" : préface d'un médecin attestant avoir reçu le récit avec la demande de le publier, récit à la première personne du singulier, commentaires de l'auteur sur le changement des noms propres et de lieux, messages adressés directement aux lecteurs qui seraient contemporains de l'auteur au moment de son emprisonnement (voire de sa mort). Si bien qu'au début, j'ai un petit peu douté : était-ce un roman ou bien une réelle autobiographie ? C'est bien un roman.

Je ne l'ai pas tout à fait terminé (il me reste une trentaine de pages, donc je pense m'être fait une bonne idée du livre) et je suis globalement assez mitigée. D'abord, l'écriture m'a pas mal dérangée au début. J'accroche très peu avec les romans écrits à la première personne du singulier, surtout quand, en plus, l'auteur interpelle le lecteur. J'ai donc eu beaucoup de mal à me mettre dedans et j'ai, de nombreuses fois, failli laisser tomber le livre.

Finalement, je me suis accrochée et les choses se sont un peu améliorées, le livre n'étant pas totalement inintéressant. Ceci dit, l'écriture reste assez saccadée, le vocabulaire est assez compliqué par moment ( Je n'ai pas eu le temps en ce moment d'évoquer la mnémonique de la physiognomique, par exemple...) et on a vraiment l'impression de se retrouver dans l'esprit et les pensées de quelqu'un... pas toujours facile à suivre. J'ai donc vraiment eu  l'impression d'une lecture en dents de scie : des périodes fastes où les pages s'enchaînaient les unes après les autres sans problème et des périodes rudes, pendant lesquelles l'avancement était bien plus fastidieux (ce qui est le cas depuis une vingtaine de pages).

Sur le fond aussi, je suis moyennement conquise. La thématique est on ne peut plus audacieuse et sulfureuse : c'est l'histoire d'un homme mûr, qui raconte son histoire amoureuse - et sexuelle - avec Lolita, une "nymphette" (selon le terme qu'il utilise) d'à peine 12 ans au début du récit. On comprend pourquoi le livre a choqué l'Amérique lorsqu'il est sorti en 1955 (et quatre ans après en France). En 2014, je pense que le public est un peu moins prude et un peu plus blasé qu'à l'époque. Alors oui, le thème est assez scandaleux. Oui, on n'oublie à aucun moment que Lolita n'est pas bien vieille. Mais je m'attendais à un vocabulaire bien plus cru, à beaucoup moins de périphrases et de demis-mots pour exprimer ce qu'il se passe entre eux deux. Mais en lisant un peu vite, on peut pratiquement louper les quelques phrases faisant référence à ces relations sexuelles.

Mais attention, je ne dis pas que j'adhère avec ce qui est écrit. De nombreux éléments m'ont indignée, à commencer par le mariage entre le héros (Humbert Humbert) avec la mère de Dolores, ce qui rend la relation incestueuse, en plus d'être pédophile. Ce qui m'a également dérangée, c'est que la demoiselle est loin d'être pure et innocente lorsqu'elle succombe aux avances de son beau-père (qu'elle allume, d'ailleurs) et, d'une certaine façon, elle utilise ces relations sexuelles pour se faire offrir ce qu'elle veut. Ca frôle la prostitution !


En conclusion :

En résumé, je ne sais pas trop quoi penser de ce livre. Il n'est pas transcendant et ne me marquera pas de façon indélébile. Il y a de très bons passages (notamment la première partie) et quelques longueurs. Mais il est intéressant de se glisser dans cette Amérique des années 1950, à travers les yeux d'un Européen.


Extrait choisi :
D'un geste brusque, je subtilisai cette chose affreusement obscène. L'instant d'après, feignant de vouloir la récupérer, elle se jeta sur moi. Je la saisis par son mince poignet noueux. La revue tomba sur le plancher tel un volatile effarouché. À force de se débattre, elle finit par se libérer, eut un mouvement de recul et se laissa retomber dans le coin droit du canapé. Puis, avec une simplicité désarmante, l'impudente enfant allongea ses jambes en travers de mes genoux.

Note : 11/20

Prochaine lecture, Autant en emporte le vent.
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